mercredi 5 décembre 2018

Une image d'occasion

Étienne, dessin mural au fusain 300x300 cm, vue de l'exposition Héri[T]ages à l'Ar[T]senal, Dreux, 2018, © Stéphane Auvard

Quelques semaines après que l'exposition Héri[T]ages à l'Ar[T]senal de Dreux à laquelle je participais ait commencée, j'ai découvert une association d'images sur Facebook relative à un de mes dessins qui a parfaitement concrétisée une idée que je m'étais déjà formulé sur ce travail sans jamais la présenter clairement.

Comme pour les précédentes reprises d'œuvres anciennes au fusain, mon choix a été le résultat d'une prospection dans le patrimoine culturel de la ville de Dreux, mais pour la première fois, je me suis arrêté sur un volume plutôt qu'un plan. Pour la première fois aussi, l'auteur de cette œuvre était anonyme. Je dois avouer que je me suis laissé influencer par Lucile Hitier, la directrice de l'Ar[T]senal qui n'avait pas caché son intérêt pour l'art religieux et s'était étonnée que je n'aie pas dessiné de sculpture auparavant. Sans me sentir obligé par les allusions ou commentaires de mes hôtes, je tiens désormais ces éléments comme des informations nécessaires à traiter dans le lot des critères qui m'aident à trouver un candidat pour ce travail. En minimisant mon autorité dans la décision, cette expérience a confirmé que c'est bien la réduction des critères personnels qui rend l'apparition du dessin absolument nécessaire. L'abandon de certaines règles que je croyais être conditionnelles à l'exercice de cette pratique désormais bien réglée a aussi apporté de l'air dans la machine.

Le 1er juin 2018, Stéphane Auvard, qui conduisait des visites dans l'exposition a donc posté sur son compte Facebook un montage de deux images qui a retenu mon attention.

Capture d'écran d'une double image posté par Stéphane Auvard sur son compte Facebook le 1er juin 2018, © Stéphane Auvard

Si j'avais vu le chapiteau sur pièce au musée d'art et d'histoire de Dreux, c'est à partir d'une image trouvée sur internet que je l'avais conçu. Stéphane Auvard a fait le travail inverse. Il a associé le dessin à une photographie différente de ma source, mais dont le point de vue est identique. Son montage semble indiquer que l'image du chapiteau original est seconde, comme un mouvement de vérification sur pièce obligeant le spectateur à orienter son regard. Ce mouvement indique exactement ce que je cherche à induire. Je souhaite que mes dessins soient des " images premières ". Je veux inverser le rapport entre une réalité et sa représentation. Ou plus exactement - comme je l'ai déjà signalé dans ce blog - je veux obliger à voir une réalité depuis le point de vue d'une image de cette réalité. C'est la magie du plan. À condition que cette apparition occasionnelle (qui se manifeste selon une chaîne d'évènements aléatoires et contingents) soit temporaire et ne se transforme pas en monument, qu'elle ne redouble pas la pérennité de l'objet, son déploiement inaugure une visibilité et formule sa promesse.

Sans être aussi fugace qu'un coup d'œil, la représentation doit s'avérer dans cette intensité. Elle doit être précaire.

C'est ce qui m'avait fasciné dans cette empreinte retrouvée sur le dessin Pierre évoqué dans un post précédent.
Un spectateur tourne le dos à l'image, dépose la trace de son passage et détruit le dessin au moment même où il regarde dans la bonne direction. Magnifique raccourci.

Trace sur le dessin Pierre, 2013, © Guillaume Pinard

Bébé pépé

Bébé pépé, 2023, Acrylique sur toile, 40x30, ©guillaume pinard À plusieurs reprises, il m'est arrivé de prendre des poupées comme modèle...