samedi 3 mars 2018

Un os à désirer

La diligence, 70 x 50 cm, acrylique sur toile, 2015, © Guillaume Pinard
En 2016, mon exposition personnelle à la galerie Anne Barrault s'intitulait La diligence. J'utilise souvent ces métaphores véhiculaires. J'imagine l'exposition comme un lieu où sont réunis plusieurs personnages, des tableaux, tous différents, embarqués dans une diligence qui doit traverser un paysage. Je pense au film de John Ford, Stagecoach (La chevauché fantastique en VF) et la manière dont les protagonistes s'opposent au début du film puis finissent par être soudés par le danger que représente leur traversée. C'est ça ! Une exposition est une chevauchée hantée par la menace d'être attaqué par l'ennemi : ces indiens de spectateurs, sans lesquels néanmoins le rapprochement entre les œuvres ne pourra pas se faire. Et puis le mot diligence évoque la rapidité. C'est un mot qui va très bien avec ma façon de travailler. Vite !
Après avoir choisi mon titre, j'ai - comme à l'accoutumé - essayé d'exhausser la promesse que j'avais formulée.

J'ai commencé par peindre une carriole au milieu d'un fond rose sable, une carriole abandonnée dans un désert. Un esprit canin s'est alors manifesté et la carriole est devenue le visage de son intériorité, grâce à laquelle l'esprit du chien a trouvé son mobile, le véhicule de son désir, par quoi il a conçu un os à désirer.

Ce tableau révèle ma tendance à l'animisme. Peindre ou dessiner, former des êtres n'est pas chez moi dépourvu de magie, du besoin d'entretenir une relation avec des êtres humains ou inhumains. Tout me regarde et je veux, motif après motif, pouvoir être absorbé par ce regard. La peinture est un bon outil pour remarier des éléments que la pensée a séparé. Si je demande aux spectateurs de mes expositions de relier des éléments distincts, c'est parce que je crois qu'une seule énergie relie tous les êtres animés ou inanimés ; une énergie qui ne m'appartient pas en propre, mais dont je souhaite être le modeste témoin.

Bébé pépé

Bébé pépé, 2023, Acrylique sur toile, 40x30, ©guillaume pinard À plusieurs reprises, il m'est arrivé de prendre des poupées comme modèle...