mercredi 28 février 2018

Muchas gracias Yvan

Muchas gracias, 120 x 100 cm, acrylique sur toile, 2016, © Guillaume Pinard
Le jeu d'Ivan Lendl n'était pas passionnant. Yvan Lendl n'était pas beau. Yvan Lendl n'était pas charismatique. Yvan Lendl était Tchékoslovaque, ce qui, dans les années 80 ne faisait rêver personne. Yvan Lendl ne faisait pas le show et était antipathique auprès du public français. Personne ne voulait voir gagner Yvan Lendl. Pourtant, Yvan Lendl a été un des joueurs les plus titré de l'histoire du tennis et il a apporté la plus grande révolution au tennis moderne. Il a professionnalisé son sport. Ce qui est banal aujourd'hui pour un sportif de haut niveau : entrainement intensif, vie seine, alimentation diététique, matériel hightech ne l'était pas au début des années 80 dans le tennis mondial. Nous voulions des artistes, des danseurs, des beaux gosses, mais nous ne voulions pas de pros, de machine à gagner. Yvan Lendl a été le seul à prendre cette voie et il a dominé sa discipline, jusqu'à ce que sa méthode s'impose au reste des joueurs.

Yvan Lendl

Aussi, lorsqu'en 1989, le jeune Michael Chang, 17 ans, alors inconnu du public battit le numéro 1 mondial en quart de finale de Roland Garros avec un jeu d'une invention et d'une audace inédites, nous - les spectateurs esthètes - nous sommes sentis vengés. Mais c'était le chant du cygne d'une époque. Certes, cette année là, Michael Chang est devenu le plus jeune vainqueur des internationaux de France, mais par la suite, son jeu s'est vite standardisé pour s'adapter à l'air du temps. La méthode Lendl s'était imposée. Les bodybulders avaient envahi les cours de tennis et l'ennui s'était installé dans les tribunes. Cet ennui a duré des années. Jusqu'à ce que cette progression athlétique et technique se stabilise et que la singularité redevienne un élément constitutif du jeu.


Lorsque j'ai commencé cette peinture, je voulais donc faire un portrait d'Yvan Lendl. Je voulais montrer le visage d'un des papes de la professionnalisation. Mais mon tableau a dégénéré. Le héros a pris du poids, une grosse moustache, une large chevelure et sa peau s'est halée. De la froideur d'une machine à gagner des matchs, je suis passé à un personnage bonhomme qui évoque plus l'hémisphère sud que l'Europe centrale. On ne se refait pas.

Et finalement, en faisant des recherches sur le sportif, qu'est-ce que je découvre ? Qu'Yvan Lendl est un collectionneur d'art ? Qu'il possède la plus importante collection privée d'affiches et panneaux décoratifs consacrée à l'affichiste et peintre tchèque Alfons Mucha ? Qu'il a commencé sa collection au tout début des années 80 ? Argh... Décidément, ce monde n'est vraiment pas simple. Muchas gracias Yvan !

mardi 27 février 2018

Les conquêtes de la surface

Les conquêtes de la surface, 19 x 24 cm, acrylique sur toile, 2016, collection du Frac Bretagne © Guillaume Pinard

Mon activité consiste en grande partie à rejeter indéfiniment les images là où je les prends, sur internet. En soustrayant, métamorphosant, puis finalement rejetant les images dans ses eaux, je cherche à former et maintenir la consistance d'une surface, d'un plan entre l'insondable profondeur d'un océan d'images et mon espace de perception. À ce titre, la toile (internet) est bien nommée et l'on s'y déplace comme sur une barque percée. Il faut écoper sans relâche pour maintenir son embarcation à flot.

lundi 26 février 2018

La pêche miraculeuse

Magicarpe, 70 x 50 cm, acrylique sur toile, 2016, © Guillaume Pinard
Durant l'été 2016, j'avoue avoir appartenu à la vague d'utilisateurs de smartphones qui ont été pris d'une folie passagère et se sont mis à chasser frénétiquement des Pokémon partout où ils se rendaient. 

Juste un mot sur l'entreprise Niantic qui a développé cette application en collaboration avec Nintendo. John Hanke, son patron, est le créateur de Keyhole, la firme de visualisation de données géospatiales qui sera achetée par Google en 2004 et qui vaudra à l'entrepreneur de devenir le vice-président des produits de gestion pour la division Geo du géant d'internet, afin de superviser la transmission de la technologie Keyhole dans Google Maps et Google Earth. C'est d'ailleurs chez Google que John Hanke commencera à former le groupe Niantic et qu'il développera Ingress, le premier jeu vidéo mobile en réalité augmentée. John Hanke quittera Google en 2015 en emportant Niantic avec lui.

L'étrangeté de Pokémon Go revient en grande partie à la représentation de l'espace qu'il propose. Puisque le joueur est localisé par le GPS de son téléphone, il se promène dans une carte où n'émergent que des balises : les pokéStops et les arènes, où il peut se ravitailler et combattre. Mais il n'y a pas de recoins, pas de cachettes, aucune aspérité, le paysage est identique et sans reliefs aux 4 coins de la planète. C'est au milieu de ce désert que les Pokémon surgissent. Ces apparitions et leur capture constituent la réelle excitation du jeu. Comme c'était déjà le cas avec les cartes à jouer, Pokemon Go est avant tout un jeu de collectionneurs. Les avoir tous est beaucoup plus attrayant que de combattre d'autres joueurs.
C'est d'ailleurs cette chasse qui permet d'activer la réalité augmentée de l'application et de voir la proie se confondre avec l'environnement sur l'écran de son smartphone.


Cette fonction a donné lieu à de nombreuses photographies qui montraient des Pokémons dans des situations insolites. Le tableau que j'ai peint s'inspire très directement de l'une d'elles. Il adopte également les proportions d'un écran de smartphone pour évoquer ce lien.

J'habite à côté d'un cours d'eau. Au pic de l'hystérie collective que suscita le lancement de ce jeu, il était intriguant de voir plusieurs dizaines de joueurs venir s'asseoir sur la rive pour "pêcher" ces poissons numériques.

L'idée géniale de Nintendo est d'avoir représenté Magicarpe comme un poisson qui s'agite sur le sol hors de l'eau. Une fois dans le viseur de l'appareil, on voit une créature grotesque à l'agonie. On pense à des natures mortes aux poissons, un sous-genre dans lequel il me plait d'inscrire ici l'esprit de mon tableau.

Nature morte de poissons sur la plage, 101 x 134 cm, huile sur toile, 1658, atribué à Wijtvelt, musée maritime de l'Ile Tatihou
“ Magicarpe est une espèce de Pokémon de type eau relativement atypique. En effet, c'est sans hésitation le Pokémon le plus faible de tous, de par ses statistiques très faibles et son incapacité à apprendre des attaques. Son attaque de base, trempette, est même réputée pour être totalement inutile. Il a de plus une intelligence très limitée. Cependant, le paradoxe de Magicarpe est bel et bien son étonnante évolution, donnant le puissant et terrifiant Léviator. ” wikipédia

“ Il (ce pokémon) serait inspiré de la mythologie chinoise. Une tradition voudrait que si une carpe parvenait à remonter une chute d'eau ou une cascade parmi plusieurs en Chine nommées La Porte du dragon, elle se transformerait en dragon, d'où est née l'évolution de Magicarpe, Léviator. ” Poképédia



Après avoir obtenu assez de Magicarpe pour faire évoluer l'un de ces Pokémon en Léviator, j'ai peint cette évolution dans un autre registre et j'ai quitté le jeu.

Léviator, 30 x 30 cm, acrylique sur toile, 2016, © Guillaume Pinard

Strabzzzzme

Qui êtes-vous Jean-Paul Sartre ?, 24 x 19 cm, acrylique sur toile, 2013, © Guillaume Pinard

“ Les Mouches est un drame en trois actes de Jean-Paul Sartre créé le au Théâtre de la Cité dans une mise en scène de Charles Dullin. Il prend racine à l'intérieur du Mythe grec antique des Atrides pour développer une conception philosophique de la tragédie mettant fin aux sanglants combats des fils d'Atrée.
C'est la première pièce de Sartre représentée, si l'on excepte Bariona, montée alors qu'il était en captivité. ” Wikipédia



Histoire sans suite

Coutelas, 19 x 24 cm, acrylique sur toile, 2016, © Guillaume Pinard


Apparu en 1969 dans le journal Pif Gadget, Rahan est la création du scénariste Roger Lécureux et du dessinateur André Chéret.

Si je suis le contemporain de ce héros et que j'ai lu ses aventures avec passion lorsque j'étais enfant, il y a rétrospectivement des rapprochements à faire entre le comportement du fils des âges farouches et le mouvement de mon projet artistique, des rapprochements qui dépassent le seul attachement sentimental à une lecture d'enfance. J'insisterai ici seulement sur un problème de navigation.

Signalons d'abord qu'il est impossible de reconstituer une géographie de ses aventures, de savoir exactement où se déroule l'action ; et puisqu'il évolue dans une préhistoire fantasmée, farcie d'anachronismes, il est tout aussi impossible de savoir à quelle période elles ont eu lieu. Si l'on ajoute à cela que Rahan est orphelin, qu'il n'a ni femme, ni enfants, qu'il ne possède qu'un slip, un collier et un couteau, il est le modèle du personnage minimum jeté dans l'océan du récit. D'ailleurs, il parle de lui à la troisième personne, comme s'il n'était pas directement concerné par ses aventures. Une parole qui se confond étrangement avec le récitatif du narrateur.

En réalité, Rahan est le relecteur de l'histoire des autres. Il est le type sans histoire qui passe son temps à corriger les fautes dans le déroulement du récit des tribus qu'il croise, sans jamais imaginer qu'il puisse en faire partie. Ses corrections vont toujours dans le sens de la clarté et de l'apaisement, contre l'ignorance, le mensonge, la dissimulation et toutes les mystifications, mais il ne tire aucun profit de ses actions, il ne thésaurise pas sur ce capital. Une fois qu'il a fait le ménage, il s'en remet aux lois du hasard en suivant la direction que lui indique un coutelas en ivoire de mammouth qu'il fait tourner sur le dos d'une pierre comme une boussole. Il fait penser aux censeurs romains qui avaient pour mission d'assurer l'ordre dans la cité sans jamais être obligés de rendre des compte sur leurs actions.

Voiture balais de la narration, le destin de Rahan consiste seulement à faire le ménage dans tous les récits qu'il croise, de les épuiser et de les classer sans suite. Son trajet ne passe jamais deux fois par la même case.

dimanche 25 février 2018

Vague à l'âme

La disparition, 24 x 19 cm, acrylique sur toile, 2015, collection privée © Guillaume Pinard

Le samedi 30 mai 2015, je peins une petite fille qui semble poser pour moi dans l'allée d'une grande propriété. C'est en tout cas comme ça que je me formule ce travail improvisé directement sur la toile. La peinture est chargée de l'influence d'Edward Munch que je regarde beaucoup à cette époque.


Un mois plus tard, le lundi 29 juin 2015, je décide de reprendre cette peinture qui ne me satisfait pas. Je garde la construction générale du tableau, mais je change les couleurs de l'allée et de la robe. J'ajoute aussi un encadrement orange.


Le lundi 24 décembre 2015, je réalise que la deuxième version a éteint l'énergie de la première sans proposer quelque chose de supérieur. Je décide donc de reprendre encore la peinture pour la conduire dans une autre direction. Je retire les chaussures de la fillette et je la plonge dans un fond atmosphérique.


Le 28 décembre 2015, je ne suis toujours pas satisfait de cette peinture. Je ne veux pas me débarrasser de cette figure sans savoir quoi en faire. Je tente encore autre chose. La petite fille ne change pas de pose, mais sa robe devient rouge et je la place dans ce que suppose être un jardin public. Je repense d'ailleurs à une sculpture aperçue dans Le Jardin du Champ de Juillet à Limoges quelques mois auparavant.




Trois jours plus tard, le jeudi 31 décembre 2015, consterné par la pauvreté de cette nouvelle version, je fais déferler une vague verte sur l'ensemble du tableau. En se retirant, la marée emporte le corps de mon modèle. Ce sera la dernière étape.

Puisqu'une petite fille a vécu huit mois à la surface du tableau et que son empreinte continue d'apparaître sous la plage, je décide d'évoquer sa présence en intitulant le tableau : La disparition.

Je ne peux pas voir cette peinture sans penser à l'enfant que la dernière couche recouvre.

Le bracelet de Lavio

Le bracelet de Lavio, acrylique sur toile, 19 x 24 cm, 2016 © Guillaume Pinard
Nous avions déjà traversé ensemble quelques épisodes de la série Zelda sur une console Nintendo DS lorsque ma fille me confia en 2013 que le sujet du nouvel opus The Legend of Zelda : A link Between Worlds me concernerait directement. Pour Nintendo, ce jeu devait certes perpétuer la légende de Zelda, mais surtout inciter ses fans à investir dans une nouvelle console qui leur permettrait de connaître une expérience de jeu inédite en 3D.

Ce jeu fait explicitement référence au best seller de la serie The Legend of Zelda : A Link to the Past, mais propose de voyager dans l'espace plutôt que dans le temps. Il raconte l'histoire de Yuga, un esthète maléfique qui parcourt l'univers en quête de beautés pour les enfermer dans des tableaux grâce à son sceptre magique. Yuga prétend être un grand artiste à la recherche des plus beaux modèles à peindre. Il a également la capacité de se transformer en peinture et d'évoluer en deux dimensions sur les murs. Il peut aussi se dédoubler, faire prendre vie à ses représentations et lancer des boules de peintures. Parce que le dessein de Yuga menace la vie de la princesse Zelda comme la stabilité du monde, Link (le héros récurant de la série) doit l'affronter pour le mettre hors d'état de nuire.


Yuga, Link & Lavio




Yuga vient de Lorule (Low rule), quand Link habite Hirule (high rule), deux mondes identiques qui se reflètent en miroir, comme les deux faces antagoniques d'une même image.



Au début de la partie, Link affronte Yuga une première fois, mais il est mis en échec. C'est Lavio, un vendeur ambulant qui le ramasse et le ramène chez lui. Lavio est un jeune homme qui porte une capuche rabattue sur son visage. Cet accoutrement lui donne un visage de lapin.

Link offre l'hospitalité à Lavio qui cherche un endroit où dormir et où installer sa boutique d'objets. En échange, Lavio lui donne un bracelet et déclare.

" Tiens, prends ça. D'accord, il paye pas de mine et ça rembourse pas vraiment le loyer, mais c'est toujours ça non ? (...) D'ailleurs, un amateur d'antiquités tomberait à genoux devant une telle rar... Hein ? Comment ça. Il fouette ?! Mais non ! Pas du tout ! Hmm... Ce riche parfum... Cette légère odeur de moisi... Ça me rappelle les vertes prairies de mon enfance... En plus, ça prouve que c'est un objet chargé d'histoire ! Bon, c'est vrai, il pue un peu... Mais ce bracelet est très important pour moi. Et puis un cadeau, ça ne se refuse pas ! Alors porte-le, tu veux ? "

Bracelet de Lavio éteint
Bracelet de Lavio activé

Peu après, lorsque Link est transformé par Yuga en peinture murale, il découvre que le bracelet de Lavio lui permet d'échapper à cette malédiction. Le bracelet a le pouvoir de le faire passer librement de la troisième à la deuxième dimension. Grâce à quoi il peut traquer Yuga en circulant d'un monde à l'autre : a link between worlds.

Le bracelet de Lavio est utile à toute personne qui s'intéresse à la peinture. Une peinture n'est pas la représentation d'un monde absent, il est l'envers du monde, son image en miroir, si bien que pour comprendre ce que regarde une peinture, il faut toujours lui tourner le dos. Le Bracelet de Lavio ne permet pas de plonger dans l'espace de la représentation, comme on traverserait un mur pour voyager dans un ailleurs, dans une illusion ; il permet simplement - mais cette simplicité est tout ce que l'on demande - de se poser à la surface de la toile afin de glisser sur l'autre face et de regarder le monde dans la bonne direction.

jeudi 22 février 2018

L'oiseau bleu

P.T.T, acrylique sur toile, 19 x 24 cm, 2011 © Guillaume Pinard

En 2011, j'ai réalisé une exposition au Centre d'Art Contemporain Le Parvis à Pau intitulée Service Public. Sans revenir en détail sur l'objet de cette exposition - dont je rappelle seulement qu'elle se déroulait pendant une période électorale : les présidentielles de 2012 - j'avais envisagé de peindre quelques objets mythiques de l'histoire récente des services publics français. La Renault 4 fourgonnette jaune de La Poste est assurément un de ses emblèmes. Elle fut en service entre 1962 et 1988, jusqu'à ce que l'utilitaire Express Renault la remplace. Toute personne qui a vécu en France pendant cette période connait ce véhicule.

En 2015, je décide de présenter à nouveau cette peinture (avec une centaine d'autres) au centre d'art Le Carré à Château-Gontier dans une exposition personnelle intitulée Du Fennec au Sahara. Pendant le vernissage de cette exposition, un septuagénaire vient timidement me voir afin d'avoir des explications sur une des peintures exposée. Puisque l'exposition est pleine de représentations scabreuses, je m'attends à engager un débat compliqué sur les ressorts de mon imagination, mais à ma grande surprise il me conduit devant la 4L. Il veut savoir pourquoi j'ai peint le logo de La Poste à l'envers. Il me confie avoir passé toute sa carrière dans cette entreprise et être absolument persuadé que le logo est orienté dans le sens de la marche. Aussi se demande t-il si j'ai souhaité symboliser le recul du service public par ce renversement. Je lui avoue n'avoir pas fait cette inversion sciemment, mais que son témoignage plein de bon sens apporte de l'eau à mon moulin. Je le remercie et nous en restons là.

En 2016, j'expose à nouveau cette petite peinture dans mon exposition La diligence à la Galerie Anne Barrault à Paris. Un ami de passage me dit aimer beaucoup la manière expéditive avec laquelle j'ai torché la peinture. Je ne résiste pas à l'envie de lui raconter l'anecdote du postier, du logo à l'envers, du recul du service public ; quant à ce moment précis - alors que je me gargarise avec cette anecdote - un utilitaire Kangoo Z.E de la poste (le modèle de l'époque) passe dans la rue et vient se garer devant la vitrine de la galerie, dans la même position que ma peinture, comme pour venir illustrer mon propos. Et stupeur, le logo est tourné vers la droite. Mon récit tombe à l'eau et nous conjecturons finalement sur les probables élucubrations du facteur. Mais cette fois-ci, je décide d'en savoir plus sur le logo.

Il a été dessiné en 1960 par l'affichiste Guy Georget. Il a marqué l'entrée de La Poste dans l'époque moderne. Le logo est baptisé " l'oiseau postal ou oiseau-flèche ". Il pointe vers la droite, symbolise le messager et évoque la conquête des airs.

En 1978, Guy Georget simplifie son dessin.


Cette première recherche me donne donc entièrement raison contre le retraité et les images trouvées sur internet le confirment encore. Le logo de la Poste pointe toujours vers la droite.




Je me demande alors pourquoi le postier de Château-Gontier était tellement convaincu du contraire. J'approfondis mes recherches et je découvre une publicité des P.T.T (On ne dit pas encore La Poste) de 1978 dans laquelle deux bronzés devisent sur les vertus de leur entreprise publique respective. Et lorsque le facteur Christian Clavier ouvre sa portière pour sortir de son véhicule, on aperçoit clairement l'oiseau qui pointe vers la gauche ; l'oiseau à 5 parties de la première génération qui fait sans doute sa toute dernière apparition.



Et je comprends enfin ! Jusqu'en 1978, la Poste a produit deux autocollants pour tous ses véhicules, afin que l'oiseau pointe toujours vers l'avant, dans le sens de la marche, dans le sens du progrès. Le logo n'était pas seulement considéré comme un signe de la marque, mais aussi comme un outil de customisation. Rien n'interdisait à cette époque de retourner un logo pour flatter le bon sens. Puis, le graphisme s'est durcit en imposant ses normes. Soumis à la charte, La Poste n'a désormais plus produit qu'un seul autocollant, en obligeant celui du côté conducteur à pointer vers l'arrière. Le postier et moi avions donc tous les deux raison.

À une époque où la qualité des services postaux est en crise, je découvre finalement que cette entreprise publique a accepté de faire machine arrière depuis bien longtemps.

Bébé pépé

Bébé pépé, 2023, Acrylique sur toile, 40x30, ©guillaume pinard À plusieurs reprises, il m'est arrivé de prendre des poupées comme modèle...