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| Magicarpe, 70 x 50 cm, acrylique sur toile, 2016, © Guillaume Pinard |
Durant l'été 2016, j'avoue avoir appartenu à la vague d'utilisateurs de smartphones qui ont été pris d'une folie passagère et se sont mis à chasser frénétiquement des Pokémon partout où ils se rendaient.
Juste un mot sur l'entreprise Niantic qui a développé cette application en collaboration avec Nintendo. John Hanke, son patron, est le créateur de Keyhole, la firme de visualisation de données géospatiales qui sera achetée par Google en 2004 et qui vaudra à l'entrepreneur de devenir le vice-président des produits de gestion pour la division Geo du géant d'internet, afin de superviser la transmission de la technologie Keyhole dans Google Maps et Google Earth. C'est d'ailleurs chez Google que John Hanke commencera à former le groupe Niantic et qu'il développera Ingress, le premier jeu vidéo mobile en réalité augmentée. John Hanke quittera Google en 2015 en emportant Niantic avec lui.
L'étrangeté de Pokémon Go revient en grande partie à la représentation de l'espace qu'il propose. Puisque le joueur est localisé par le GPS de son téléphone, il se promène dans une carte où n'émergent que des balises : les pokéStops et les arènes, où il peut se ravitailler et combattre. Mais il n'y a pas de recoins, pas de cachettes, aucune aspérité, le paysage est identique et sans reliefs aux 4 coins de la planète. C'est au milieu de ce désert que les Pokémon surgissent. Ces apparitions et leur capture constituent la réelle excitation du jeu. Comme c'était déjà le cas avec les cartes à jouer, Pokemon Go est avant tout un jeu de collectionneurs. Les avoir tous est beaucoup plus attrayant que de combattre d'autres joueurs.
C'est d'ailleurs cette chasse qui permet d'activer la réalité augmentée de l'application et de voir la proie se confondre avec l'environnement sur l'écran de son smartphone.
C'est d'ailleurs cette chasse qui permet d'activer la réalité augmentée de l'application et de voir la proie se confondre avec l'environnement sur l'écran de son smartphone.
Cette fonction a donné lieu à de nombreuses photographies qui montraient des Pokémons dans des situations insolites. Le tableau que j'ai peint s'inspire très directement de l'une d'elles. Il adopte également les proportions d'un écran de smartphone pour évoquer ce lien.
J'habite à côté d'un cours d'eau. Au pic de l'hystérie collective que suscita le lancement de ce jeu, il était intriguant de voir plusieurs dizaines de joueurs venir s'asseoir sur la rive pour "pêcher" ces poissons numériques.
L'idée géniale de Nintendo est d'avoir représenté Magicarpe comme un poisson qui s'agite sur le sol hors de l'eau. Une fois dans le viseur de l'appareil, on voit une créature grotesque à l'agonie. On pense à des natures mortes aux poissons, un sous-genre dans lequel il me plait d'inscrire ici l'esprit de mon tableau.
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| Nature morte de poissons sur la plage, 101 x 134 cm, huile sur toile, 1658, atribué à Wijtvelt, musée maritime de l'Ile Tatihou |
“ Il (ce pokémon) serait inspiré de la mythologie chinoise. Une tradition voudrait que si une carpe parvenait à remonter une chute d'eau ou une cascade parmi plusieurs en Chine nommées La Porte du dragon, elle se transformerait en dragon, d'où est née l'évolution de Magicarpe, Léviator. ” Poképédia
Après avoir obtenu assez de Magicarpe pour faire évoluer l'un de ces Pokémon en Léviator, j'ai peint cette évolution dans un autre registre et j'ai quitté le jeu.
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| Léviator, 30 x 30 cm, acrylique sur toile, 2016, © Guillaume Pinard |




